mercredi 30 mars 2011

SLANTED AND ENCHANTED - Pavement



Stephen Malkmus mon amour
ou
"Lethal Doses of Nonchalant Cool"

Ecouter les Pavement à une heure tardive, ça m'a toujours chaviré. J'ai chaque fois ce sentiment diffus et profond à la fois d'être plongé dans cette réalité parallèle des Nineties, sachant que je les ai traversées d'une façon bien différente de celle de Malkmus. Alors je ne devrais pas me sentir familier avec ce qui est raconté ici, je ne devrais pas sentir tout mon être nostalgique de trucs qu'il n'a pas vécu. Il n'y a que les 90's qui me font ça. Et pour moi, les Pavement sont les Nineties. D'une façon qui dépasse l'entendement, la chronologie, ils ne sont pas les Nineties simplement par rapport aux années de parutions des disques. Mais ils sont cosmiquement les 90's. Le son légèrement grunge, ébouriffé comme les cheveux de Stephen, les riffs efficaces, parfois cradingues, la voix qui déraille légèrement, rien n'est lisse mais rien n'est trop repoussant non plus. L'expression n'est pas de moi, mais les Pavement dégagent réellement des doses létales de cool nonchalant. Il faudrait rajouter aussi de la mélancolie. Beaucoup de mélancolie. 
Ce phrasé unique, ce son inimitable (qui lorgne pourtant parfois du côté de Sonic Youth ou de Wilco. Ouais, ça fait bizarre dis comme ça mais imaginez un cercle Wilco qui empiète sur un cercle Sonic Youth, le mélange des deux pourrait être The Pavement), cette énergie du désespoir,… Je serai pas vraiment capable de vous décrire précisément les chansons, mais écoutez Summer Babe (un classique), ou Here ("I was dressed for success, but success it never comes"), Zurich is Stained également… Cet album serait presque un best-of à lui tout seul si Crooked Rain, Crooked Rain ne contenait pas encore plus de tubes! Seulement Slanted and Enchanted a pour moi plus de relief, cette énergie lo-fi, ces expérimentations qui se fondent si bien dans la chanson qu'elles semblent totalement naturelles.

DOSSIER - Boulet (2/3)

Oui, c'est bien la suite du dossier sur Boulet (partie 1 ici), la partie que je trouve la plus intéressante de sa carrière (pleine de promesses), ses NOTES! En 2004, Gilles "Boulet" Roussel s'essaye au blog BD. D'abord pour ses potes, il raconte ses déboires lors de festivals, c'est bourré de Private Jokes mais c'est tellement cool, bougrement cool, vachement cool, que ça attire de plus en plus de lecteurs. Et fort de cet exercice quotidien, le style Boulet s'affine et s'affirme, les notes deviennent plus travaillées et l'univers un peu plus adulte de l'auteur prend forme entremêlant onirique, portaits des travers de la société à la sauce Desproges, des Fan Arts somptueux, un humour vraiment particulier, des références Geeks et Retro, une auto-dérision attendrissante... Et j'en passe. 
Puis en 2008, il décide de rassembler (enfin) ses Notes en recueil sobrement appelés...Notes. Le support papier rend la lecture encore plus agréable et c'est un vrai plaisir de les avoir dans sa bibliothèque, histoire de les feuilleter de temps en temps et de rigoler comme la première fois en relisant une note oubliée de puis le temps. De plus, les couvertures sont vraiment superbes, jugez vous même:



Autre raison qui rend l'achat de ces Notes vraiment valable même si on connaît par coeur le blog de Boulet, les nombreux bonus que l'auteur place à l'intérieur: une véritable trame qui sert de liant à l'ensemble. A partir du tome 4 (Songe et Mensonge), on ressent même une vraie cohérence, une articulation autour de thèmes précis qui rendent le tome plus abouti. On aurait par exemple envie de citer la note "Fuck Peter Pan" dans des dissertations ou dans des débats. Personnellement je m'appuie dessus à chaque fois que je dois argumenter ma vision de l'imagination enfantine. Dans le tome 5, traitant du mythe de la fin du monde, ce sont encore une fois les clichés qui en prennent pour leur grade. Mais l'auteur offre également des réflexions très pertinentes sur notre civilisation. Boulet, en somme, c'est comment être drôle, onirique, pertinent et beau en une seule page.

PS: Je vous faisais languir mais j'y pensais, hein! Voici le plus court chemin pour atteindre BOULETCORP



mardi 29 mars 2011

BICHON - Julien Doré


"Bichon est un album qui montre que l'amour fait un mal de chien"

On entend tout et rien sur Julien Doré. Tout parce qu'il sort de la Nouvelle Star et qu'il est donc plutôt honnêtement diffusé (ondes radios, invité dans les émissions). Rien parce qu'il sort de la Nouvelle Star et qu'il est donc boudé par la police du bon goût et nos amis les Hipsters. Pourtant Julien Doré est plein de talents et il les assemble avec intelligence et subtilité (il est d'ailleurs un des rares "jeunes" à oser chanter en Français et à le faire bien - ce qui exclue Grégoire, Zaz etc vous aviez compris). Sa formation des Beaux Arts fournit à ses textes des inspirations picturales toujours bienvenues et bien placées ainsi que des concepts de pochettes plutôt réussis. Pour ce qui est des clips, c'est son enfance nourrie à la culture télé des années 80 qui parle en priorité, il utilise avec un demi second degré (une sorte de 1,5 degré en fait) les icônes de cette décennie ainsi que les codes sitcoms comme dans "Les Figures Imposées" sur Ersatz
Ce second degré, qu'on lui reproche souvent, est justement appréciable chez Doré qui s'en sert souvent pour finalement laisser passer des doses massives de sincérité, de sensibilité exacerbée, de poésie du quotidien à fleur de peau. C'est d'ailleurs beau de voir le banal, le cliché et l'ironique tourner au final ensemble dans un beau tableau romantique. 
Pour moi, bien que Les Bords de Mer ou J'aime pas entre autres avaient préparées le terrain sur le premier album, c'est ça Bichon. C'est cette peluche ridicule, cette figure tellement photogénique qu'elle en devient presque papier, qui cache pourtant des tonnes d'émotions, du relief, de la profondeur, des chansons superbes sur l'amour, l'attente amoureuse, la solitude, les sentiments mélangés à l'encontre de l'être aimé, la haine et l'addiction, la haine car l'addiction. Bichon est un album qui montre que l'amour fait un mal de chien. Des jeux de mots subtils ou non (l'été Summer), des références du banal comme dit plus haut ("Tiens les clés de la Punto"), le tout servi par la voix toujours agréable de Julien Doré et des musiques souvent créatives et inspirées, sachant aussi jouer sur le minimalisme (BB Baleine) ou l'extravagance inventive (le duo avec Yvette Horner, improbable mais réussi). A noter aussi que le gagnant de la Nouvelle Star 2007 (on fait les périphrases qu'on peut) sait très bien s'entourer et que le génial Philippe Katerine a écrit pour lui la chanson "Homosexuel" (c'est le titre de la chanson, ce n'est pas la chanson qui est homosexuelle. D'ailleurs ça ne voudrait rien dire).

vendredi 25 mars 2011

BROKEN BELLS - Broken Bells



Parfois j'ai l'impression d'être un loser. Je me remémore l'été dernier, le travail, les orages, la fin de belles choses qui comptaient énormément à mes yeux... Avec un peu de bol, à ce moment précis où un blues terrifiant m'envahit, c'est the High Road qui passe sur mon ordi. Et cette intro splendide, ce synthé magique dirigé par Brian Burton (aka Dangermouse) et enfin la voix qui m'a accompagné durant les années lycées, portant ma peine haut vers le ciel, la tristesse et la mélancolie en étendards, la voix de James Mercer, le leader des Shins! Un duo incroyable (pas inattendu pour ceux qui avaient écouté Dark Night of the Soul), un album superbe, varié, fin, maîtrisé, un vrai régal, suffisant pour, non pas abandonner son spleen, mais apprendre à l'apprécier.
Cee-lo Green, le confrère de Brian Burton dans Gnarls Barkley, disait dans une interview que son pote était "Moody". C'est effectivement un des mots qui définissent le mieux l'atmosphère Danger Mouse, cette ambiance bluesy que l'on retrouve dans la majorité de ses productions (on pense à Carnies de Martina Topley Bird, Just a Thought de Gnarls Barkley, Kingdom of Doom sur the Good, the Bad and the Queen...) et les paroles de Mercer n'arrange pas vraiment le côté dépressif lunaire.
Ce qui est loin de me déranger! Au contraire, j'aime. J'aime même beaucoup, Broken Bells est un album dans lequel on aime se laisser aller, on ne se perd pas comme dans du Radiohead, ça ne nous transporte pas jusqu'aux confins du cosmos mais c'est sincèrement plaisant, c'est un petit bout de chemin sur la route. Avec des Falsetto à la Albarn, des envolées aux violons qui rappellent l'amour inconditionnel de Burton pour les bandes originales de films (surtout les Western Spaghettis, dont on retrouve des samples dans Crazy et des tas d'autres productions signées DM).


Sachez que le nouvel EP du groupe, Meyrin Fields, est aujourd'hui disponible!

mercredi 23 mars 2011

DOSSIER - Boulet (1/3)


Quoi? Vous ne connaissez pas Boulet? "Je suis pas trop BD" 
Oui ça prend du temps d'apprendre Pitchfork par coeur, on a plus trop le temps pour autre chose que la musique après... 
Et puis il y a "BD" et "BD" (c'est une expression, hein, j'ai écrit la même chose deux fois je sais je sais).
D'un côté on trouve les adaptations de tout et de n'importe quoi: des sketchs de Bigard, à certaines émissions télés, même Omar et Fred s'y sont mis...On trouve aussi, toujours du même côté, la guirlande de BD basées sur une catégorie sociale, un sport, un corps de métiers... Le titre est souvent super bien trouvé: "Les Pompiers" quand ça parle de pompiers, "Les Blondes" quand ça parle des blondes, "Les Geeks", "Les Gendarmes" le principe est déclinable à l'infini bien évidemment. 
Pour ce qui est de l'autre côté, il y la BD magique, celle qui vous aspire dans un univers particulier où le texte a autant de poids que l'image. La BD c'est puissant. C'est un peu comme un film sur lequel on peut mettre sur pause en permanence. Mettre l'univers en stand by et le rouvrir quand on le désire. Dans cette grande catégorie qui n'en est pas une, on peut citer les Corto Maltese qui fait rêver à chaque page, l'oeuvre de Sfar, les Petits Rien de Trondheim ... Mais je ne suis pas là pour faire une longue liste de BDs fantastiques que vous devriez vous procurez. Peut-être que ça viendra.
Je suis là pour vous parler de Boulet comme la superbe introduction de cet article vous l'a laissé deviner.
Boulet c'est un type, ... ça m'ennuie un peu de faire mon wikipédia, je vais aller à l'essentiel. C'est un auteur de BD, il a commencé dans Tchô Magazine, avec la Rubrique Scientifique, a créé le Miya, une petite Patate affamée et Raghnarok, un dragon tout jeune et pataud qui doit apprendre à voler.
Boulet a aussi participé à la série Donjon, assistant ainsi Sfar et Trondheim.




La Rubrique Scientifique montre l'étendu de la passion de Boulet pour les acariens, l'astronomie et toutes sortes de faits scientifiques...C'est grave si j'utilise le mot "scientifique" plein de fois pour parler de trucs scientifiques?

Le Miya c'est donc cette étrange créature un peu patate, un peu homme des cavernes, qui bouffe tout ce qu'elle trouve dans des strips le plus souvent muet.

Enfin, Raghnarok, c'est Boulet qui s'essaye à la fantasy. La légende dit que c'était un pari avec des amis (et Boulet était bourré). Le résultat est une BD colorée et bourrée (elle aussi) d'humour, plein d'idées originales. 

mardi 22 mars 2011

DOSSIER -Flight of the Conchords

Flight of the Conchords, deux trublions Comico-folk néo-zélandais débarqués aux States pour faire fortune! Voilà le scénario de cette espèce de sitcom délirante nourrie par un humour dépassant le second degré. Jemaine Clement (celui qui a des lunettes) et Bret McKenzie (celui qui n'a pas de lunettes) sont génialement doués et drôles, maîtrisant leurs voix et divers genres musicaux toujours dans une veine parodique et servie avec des paroles délicieusement absurdes. Je pense qu'on entendra encore parler d'eux et ce même si la série s'est arrêtée au bout de deux saisons. 

Fun Fact: Bret joue un elfe dans le Seigneur des Anneaux, baptisé "Figwit" par les fans en raison de la phrase qu'il prononce "Frodo is grea...who is that?". 
Fun Fact 2: Jemaine jouera certainement dans Men in Black 3 (si Sonnenfeld le finit un jour)
Fun Fact 3: Le duo apparaît dans le premier épisode de la saison 22 des Simpsons.

Sur ce je vous laisse avec "Inner City Pressure"








Mais en fait je peux pas vraiment vous laisser comme ça, sans préciser que dans la deuxième saison, Michel Gondry réalise pour eux plusieurs épisodes, dont les clips "Too Many Dicks on the Dancefloor
et une de mes chansons préférées par les kiwis : "Choir of Ex-Girlfriends




CRAZY FOR YOU - Best Coast


Si j'avais envie de commencer ma critique comme c'est la mode, à savoir en faisant des mix un peu foireux pour tenter de décrire un nouveau groupe (ce que j'adore faire), je dirai que Best Coast, c'est un peu Courtney Love chez les Beach Boys. Cette alliance si douce, si Californienne, si Sunny Delight de garage band, de girly et de surf music. On pourrait alors penser que l'ombre au tableau si ensoleillé de Crazy For You serait un certain laisser-aller au niveau des paroles. Faire rimer Crazy avec Lazy et Miss You avec Like You ou Love You dans toutes les chansons, oui, ça peut agacer. Mais si on y réfléchit bien (ce que je fis ce soir justement avec ma best friend de best coast), ces paroles qui respirent la simplicité sont en parfaite adéquation avec l'esprit même de l'album, l'esprit même qui habite Bethany et Bobb, une simplicité du mode de vie, une manière de pensée à la cool, comme Fonzy. La sainte règle des trois B, Burger, Beach et Boyfriend, pour Bethany. Parler de chômage, de maladie, de fin du monde serait complètement à côté de la plaque. Et elle le sait. 
Il ne vous reste plus qu'à fredonner les paroles en rêvant de l'été qui approche à grands pas, ça a marché en 2010, je sais que Crazy For You enchantera aussi mon été 2011. N'oubliez surtout pas de jeter une oreille aux EPs et Demos (Over the Ocean est une chanson magnifique, avec un bon son lo-fi et des paroles un peu plus "profondes", une merveille).

ANGLES - The Strokes


On attendait plus le quatrième album des Strokes, après tant d'annonces, de retards, de rumeurs sur l'état de santé fragile du groupe, des colères de Casablancas etc... Malgré tout cet album maudit est enfin sorti pour notre plus grand plaisir! 
J'entends déjà les mécontents, je les combats, je les maudits, je leur chie dans les oreilles eux qui ne sont pas capables de se contenter/d'apprécier/de kiffer/ de danser/ de célébrer Machu Picchu qui donne effectivement envie de grimper les montagnes du Pérou et de respirer le grand air pour se sentir vivant. Si on a pas les moyens de se faire vagabond, mettre la musique à fond et danser comme un con en fermant les yeux fait aussi l'affaire... Oui, Casablancas nous transporte! Sa voix est magique et toujours aussi en forme, pouvant oser autant le phrasé Lou Reed que les refrains grandiloquents de Under Cover of Darkness, en passant par des couplets très rétro comme pour Two Kind of Happiness...
Casablancas impressionne (ça respire l'objectivité ça non?) mais tout le groupe semble plus au point que jamais (ou au point comme toujours, choisissez).



(Ahhh l'antique cité de Machu Picchu...)



Oh tiens, vu que c'est mon premier article et que je suis loin d'être au point moi, j'ai envie de faire une petite aparté sur le premier single sorti, qui a remué le Web à défaut de faire trembler les montagnes du Pérou, Under Cover of Darkness. Il y a eu une sorte de tremblement de net, la toile s'est fissurée et sur Twitter, sur Facebook, deux clans se faisaient face: ceux qui étaient contents de retrouver un semblant de Is This It, ce merveilleux album au son délicieusement Lo-fi, et ceux qui trouvaient énervant que les Strokes se répètent... Oui, les fans sont très difficiles à satisfaire. La chanson est peut-être un peu ironique avec cet amour inconditionnel pour le premier album du groupe, c'est en tout cas ce à quoi je pense quand j'entends "Everybody's singing the same song for ten years" (2001 - Is This It). Mais c'est peut-être sur-interpréter.

Anyway, cet album me donne la pêche, me redonne foi en ce groupe, une foi qui ne m'avait pas quitté mais l'espoir par contre, de trouver un nouvel album des Strokes un jour s'était amoindri. Dorénavant, je peux marcher fièrement avec Angles dans les oreilles, en direction du Supermarché, prêt à affronter derrière ma caisse des hordes de clients sans pitié. C'est un album efficace, éclectique, rythmé, qui ne souffre vraiment pas des discordes du groupe.
Et pour finir, une petite astuce, quand la Lune est pleine et que vous aussi - même si vous êtes certainement moins brillants à ce moment - (Copyright Boulet) et que vous prenez la voiture, mettez Life is Simple in the Moonlight et alors là, il faudrait être blasé, con, insensible ou fan de Steven Seagal pour ne pas ressentir les plus beaux et somptueux frissons de votre existence!

PS: Vous remarquerez que j'ai évité tous les jeux de mots comme Angles Morts, Arrondir les Angles... 
PPS: Conduire en étant plein, c'est vraiment pas très sérieux

UPDATE: Le clip de Call me Back est réalisé par Albert Hammond Jr. et il est simplement merveilleux. L'adverbe simplement étant utilisé pour une fois à bon escient. Le clip est merveilleux d'une façon simple.

dimanche 20 mars 2011

La Pieuvre Electrique déploie ses tentacules autour du web et de la culture

Au programme:

Critique de la critique,
Analyse de l'analyse musicale,
Décryptage de phénomènes,
"Qu'est-ce qu'il y a dans tes oreilles?"
Chroniques BD, Ciné, Musique, ...


Participation à ce blog bienvenue, envoyez-nous des mails on étudiera les candidatures!!!